5887 … de la nature profonde du capital …

20081026 10:51:00 redazione-IT

Contribution de Pierre Assante – Marseille

"Les camarades m’ont souvent entendu parler de la crise dans les réunions, non seulement ces derniers temps, mais depuis des mois et des années.
Ce n’est pas pour le plaisir du sujet, mais parce que la crise touche directement à nos revendications de maintien et de progrès de conditions de salaires et pensions, de temps de travail, de conditions de vie en général.
On entend parler partout de dérive du libéralisme, alors qu’il s’agit non d’une dérive mais de la nature profonde du capital.
Ensuite on annonce une crise économique conséquente à la crise financière alors que celle-ci est au contraire la conséquence de la crise économique, qui elle-même est l’appauvrissement relatif ou absolu lié à la nature profonde du capitalisme. En quelque sorte, on fait comme au moyen age où en se fiant à l’apparence des choses que nous transmettaient nos yeux, on croyait que le soleil tournait autour de la terre alors que c’est la terre qui tourne sur elle-même.

Quelle est donc la nature profonde du capitalisme ? Il faudrait proposer un livre entier pour le décrire, car les lois humaines ne sont pas des lois physiques ou chimiques et leurs causes et effets sont encore plus complexes que dans la simple matière.

Je vais donc juste souligner schématiquement une loi fondamentale, au nom barbare, celle de la « baisse tendancielle du taux de profit » et celle de la « suraccumulation du capital ».

Lorsqu’un investisseur privé, qui dispose d’un capital, investit dans la production, son capital va se composer du capital constant (pour faire simple, le capital finançant les machines), du capital variable (celui qui paye la main d’œuvre, les salariés de cette production).

Plus le progrès technique se développe (il faudrait là aussi expliquer dans quelles conditions, mais ce serait ici trop long), plus la part du capital constant augmente. Le profit se réalisant sur la part de la valeur de la marchandise au delà de ce qui est payé au salarié, plus le capital constant augmente en proportion, plus le taux de profit diminue.

Bien sur, sur la quantité de produit induite par ce progrès technique, le profit peut augmenter, mais le taux tend à s’abaisser et donc dans la guerre au profit, le capitaliste va tendre non à investir dans la production et ses moyens techniques, mais recourir à la recherche du profit dans la spéculation. Cette spéculation correspond donc à un usage parasite de l’argent qui détourne une masse de plus en plus importante des fruits du travail de la satisfaction des besoins humains. De plus la qualité de la production et celle du développement durable, de la survie de la planète, sont aussi mises en cause par ce système.

La survaleur (plus-value) et le profit reposent sur l’exploitation de la main-d’œuvre et se réalisent sur la marchandise au sens premier. Les services, même « marchandisés », « consomment » du profit. Ils paraissent en produire lorsqu’ils drainent les capitaux qui circulent vers les groupes-féodalités financiers et industriels. Le capital doit chercher pour survivre à conserver des activités de main-d’œuvre, ce qu’il réalise à bon marché dans les pays à bas salaires entre autres mais partout où il les trouve. Et en même temps il « gèle » du capital et de la production et du progrès technique parce que l’accumulation du capital ne trouve plus débouché justement par rapport à ses propres lois. C’est la suraccumulation capitaliste arrivée aujourd’hui à un point crucial. Point crucial que les manipulations financiaro-politiques ont peu de chances de dénouer. Ces lois-tendances du capital sont souvent difficiles à identifier, repérer, car elles jouent de façon diffuse dans toute la circulation de la marchandise, la circulation monétaire, en un mot la circulation du capital. Et un « point de garrot » dans le « corps » du capital menace tout l’organisme.

Les services publics eux-mêmes sont ainsi touchés (y compris les services vitaux de solidarité), par les « mécanismes » du capitalisme étant donné que leur coût, alors même qu’ils répondent à un besoin de reproduction de la société et donc de la main-d’œuvre dont le capitaliste a besoin lui-même. Ce coût vient tendre à abaisser le taux de profit. Par contre le drainage des capitaux nécessaires aux services vers les groupes financiers renfloue provisoirement le taux de profit.

La promotion des « services à la personne », métiers dits « non ou peu qualifiés », « grand programme », du patronat et du gouvernement, « R.S.A. » et autres dispositions, aggravent très fortement la division inégalitaire, de classe, du travail et sont un révélateurs des conceptions du capital en matière de « qualification », de traitement du chômage, de garanties statutaires et de droit du travail.

Lois, « mécanismes » (je ne fais pas de mécanisme !), tendances du capital sont absolument indissolubles d’une telle politique et vice versa. Qu’il soit en crise ou pas. Mais la crise révèle l’incapacité historique du capital de répondre à son propre développement.

La mesure quantitative des échanges EST le temps de production d’une marchandise, donc de la base de formation des prix (avec des variations dues à la région où elle est produite, aux moyennes, oscillations, accords et guerres de monopoles sur une production concentrée et à la fois disséminée, et aux effets et distorsions de la complexité du marché mondial). Cette mesure est issue de la longue histoire du développement des échanges humains du travail, et s’est affirmée avec le développement mondial des échanges, l’industrialisation capitaliste.

Cette mesure ne répond en rien aux besoins de la consommation populaire, entraîne des privations en France et aussi des famines dans le monde, freine le développement des peuples et de la personne humaine.

Si la crise est devenue si profonde et si rapide ces derniers temps c’est parce que ces lois-tendances du capital entrent en collision avec un développement nouveau et immense des techniques liées à l’informatique, et la production et gestion mondialisée qui en découlent. Et parce que dressant un barrage illusoire à cette tendance, en particulier en freinant le mouvement social et de libération, c’est brutalement que le phénomène se produit.

Bien sûr tous ces phénomènes jouent à double sens. Mais le fond du problème c’est une transformation de fond de l’organisation sociale sans laquelle la vie de chacun de nous s’enfoncera chaque jour dans des difficultés plus grandes, si ce n’est dans des convulsions sociales violentes.

La première et urgente chose à faire est d’agir sur le crédit (1), c’est-à-dire sur les moyens financiers à attribuer à chaque élément de développement. C’est-à-dire aussi sur les choix de l’attribution de ces crédits. Pour cela il faut une maîtrise des organismes de financement, ce qui est tout à fait à la portée des états nationaux et-ou de leurs diverses institutions, et de l’organisation européenne et mondiale du commerce, du FMI et autres organismes. Mais encore faut-il que ces États en aient la volonté, ce qui n’est pas le cas. Alors en premier et dernier ressort, il s’agit de l’action des salariés sur ces questions, questions qu’il faut qu’ils apprennent à connaître et à agir en conséquence dans leurs revendications.

Le syndicalisme mais aussi l’action politique des salariés a depuis la libération « circulé » sur les rails de ses acquis. Le monde a changé, il faut qu’il apprenne à agir dans les conditions nouvelles qui se présentent à lui. Cela demandera du temps, mais pourtant c’est indispensable et urgent. Bien sûr, il ne s’agit pas d’abandonner tout ce que nous faisons aujourd’hui et ce que nous avons fait hier, mais de s’emparer du nouveau.

Agir sur le crédit fait partie de nouveau de ce nouveau. Mais sur le fond, la question est une démocratie du « que produire et comment produire ». Une autre organisation du travail est nécessaire, qui parte de la cohérence et des besoins de chaque salarié et de chaque citoyen, en tant que personne, et d’une cohérence générale du travail en France comme dans le monde (2). Nous sommes loin du slogan de « travailler plus pour gagner plus », parole du voleur qui rejette sur les autres les conséquences de son vol, non au sens juridique, mais dans la réalité de l’appropriation privée du travail de la collectivité.

Le, les nouveaux et différents « statuts salariaux » ne sont pas indépendants de la volonté du capital d’organiser différemment le travail dans le privé comme dans le public. Et d’organiser différemment ce qu’il appelle le travail « massif » « non ou peu qualifié », la hiérarchie sociale, les strates dans lesquelles il veut placer l’oligarchie, les décideurs, l’encadrement supérieur, et cantonner l’encadrement d’exécution, l’exécution qualifiée et l’exécution dite « non qualifiée » dont le patronat trouve excessif de lui donner le statut qu’il a eu dans certains cas dans la Fonction Publique, particulièrement d’Etat (3). Cela induit action et réaction de notre part, analyse nouvelle des missions, fonctions, place et reconnaissance de telle ou telle catégorie de travailleurs dans la société, alliance entre les diverses « couches » du salariat dans leurs revendications et DANS LEURS MISSIONS, construction de cohérence de l’activité à partie de la personne dans la construction, le processus d’une « cohérence globale ».

Statuts et sécurité emploi formation vont de pair, contribuent et contribueront à libérer l’activité humaine dans un processus nécessaire.

L’histoire humaine a environ un million d’années. Dans nos ambitions de transformation de la société et de notre vie quotidienne, nous sous-estimons l’emprise que l’accumulation privée, la propriété a prise sur notre esprit dans les quelques derniers millénaires. Nous avons sous-estimé les capacités de résistance du mode de production actuel et de la classe dominante qu’il reproduit. En ce sens la forme salaire qu’ont acquis nos moyens de subsistance « matérielle et morale » est devenue taboue. C’est pourtant dans la mise en œuvre des techniques de production en abondance dans un mode de production libéré de la propriété privée des biens au profit de l’usage des produits que réside la libération de la personne, son appartenance supérieure à son espèce, sa jouissance de la nature. Et que peut se poursuivre cette prise de conscience de la nature sur elle-même que constitue l’humanité, son processus de réconciliation avec la nature, c’est-à-dire avec elle-même. Ceci dit en quelques mots car ce n’est pas l’objet premier de cet article. C’est aussi pourquoi les questions touchant aux « mécanismes » du capital et à l’organisation du travail sont au cœur de toute transformation humaniste de nos conditions de vie."

http://alternativeforge.net/spip.php?article1737

 

 

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EmiNews 2008

 

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